L'hypersensible doux | Effacement de soi et mise en contrôle
L’hypersensible doux a un profil plus effacé que l'hypersensible dur, moins en puissance, plus en douceur, et soyons honnête, plus en contrôle aussi. Sa souffrance est moins explosive car il a su mieux se protéger (mais on sacrifie toujours quelque chose à la sécurité). Ceci dit, il est tout autant en recherche de sens, d’authenticité et de bienveillance.
L'HS doux peut agacer l'Hs dur dans ces travers (parfois) de rigidité et de conformisme, mais il apporte en même temps au monde sa douceur, son non-jugement, son écoute, sa fiabilité et sa stabilité (apparente).
Ce qu’il a compris du monde et comment il s’en protège
Le HS doux a une forte connexion avec son cœur. Il voudrait que le monde fonctionne avec douceur et bienveillance. Il se sent plein d’amour à donner. Mais évidemment, il ne peut pas (encore) le déployer.
Petit, ce qu’il a compris du monde et de sa menace a été : “Ce monde est menaçant et ce que je suis ne semble clairement pas suffire. Si je veux être intégré, si je ne veux pas être une cible, il va falloir que je m’adapte. Donc je m’efface.” A titre de comparaison, l’hypersensible dur fait un choix inverse : “Le monde est menaçant et incohérent, je ne l’accepte pas, je refuse de changer, et je vais sauver le monde”.
Effacement, intégration et besoin de s’affirmer
La blessure première de l’HS doux, c’est son effacement. Pratique au début, elle lui pèse à mesure qu’il grandit.
Son identité ne s’exprime que très peu, et il a l’impression, à raison, qu’il n’arrivera jamais à exprimer son être (le HS dur exprime au contraire son être en réaction, quitte à souffrir). Sa souffrance générale vient de cette non expression de son être. L’expression “Affirmation de soi” revient souvent chez lui après sa crise de a quarantaine.
En revanche l’effacement donne au HS doux un avantage : il est intégré. Il a peu de place, mais il est avec les autres. On l’entend peu. Mais il est là. Il est bien aimé d’ailleurs. Peu accueilli sur le fond, c’est ce qu’il sent, mais apprécié pour sadouceur, sa discrétion, sa bienveillance, son naturel. Car oui, s’il est effacé, il a un avantage par rapport aux carapacés de tout poil, il ne joue pas un rôle. Il ne fait pas semblant. Il ne se donne pas un genre. Il est juste lui, mais effacé. Pour comparer, le HS dur peut tellement souffrir de l’isolement et du rejet qu’il peut se construire une fausse identité (un “faux self”), identité toute en tension et qui sonne faux, et qui lui attire beaucoup d’inimitiés. Le HS doux reste toujours dans sa nature, même si elle est discrète.
Connecté aux émotions mais ne remet pas le système en cause
Comme le HS dur, le HS doux ressent ses émotions pleinement et en souffre. Comme le HS dur, il peut rentrer en sur-adaptation, mais plus sur le « faire », la sécurisation (courir après l’argent, le travail, faire ce qu'il y a à faire, cocher les cases de la vie parfaite) que sur « l’être » (paraître fort, avoir l’air d’avoir confiance en soi, s’affirmer).
Il ne sonne pas faux comme le HS dur parfois, il sonne éteint et triste. Il est en pleine conscience de sa souffrance. Et cependant, il ne remet pas le système en cause. Il pense juste être insuffisant.
Caractéristiques
Enfants
Sensation d’être perdu dans la masse, en primaire et encore plus au collège
Trouve les autres enfants pas gentils entre eux, parfois pas gentils avec les professeurs.
N’arrive pas à jouer un rôle, ne peut s’empêcher de rester lui-même, ce qui l’oblige à s’effacer pour ne pas être une cible
S’adapte à l’identité d’un clan en abandonnant la sienne pour s’intégrer mais en conscience, avec regret.
Ne profite pas de son intégration pour taper sur les autres. Ne joue pas ou peu des rapports de force. Veut de la gentillesse et du respect.
A peu d’amis proches. Cherche la connexion avant tout. Aime partager de l’authenticité et de la vulnérabilité. Ne le vit pas beaucoup car choisit peu ses amis. Il est choisi.
Pour coller à ce qu’on lui demande, essaye de mettre en sourdine son instinct et d’appliquer les processus prescrits. Essaye de respecter les règles. A le souci du détail.
N’a pas de problème avec les consignes. Mais s’applique à travailler beaucoup par souci de bien faire. Donc s’applique à respecter les consignes.
Dors plutôt bien…
Aime le mode projet si on lui demande pas de se mettre sur le devant de la scène.
Adulte
Se laisse facilement impressionné par les autres, ne voit que peu de valeur en lui
Ne se fait pas confiance, donc suit facilement les processus, les règles. A besoin d’exhaustivité pour prendre une décision.
A du mal à suivre ses intuitions, auxquelles il ne donne pas de valeur, dont il doute.
A du mal à prendre des décisions, avec le sentiment de ne pas maîtriser suffisamment les données pour se décider, a l’impression qu’une mauvaise décision a des conséquences graves.
A peur de prendre des risques. Se sent insécurisé facilement. N’aime pas ce qui n’est pas maîtrisé.
Peut être assez conventionnel, dépendant de son image vis à vis des autres, sans pour autant (trop) emmerder ceux qui ne sont pas conventionnels (sauf sa femme, son homme ou ses gosses).
Peut être apparaître assez rigide… surtout pour un HS dur !
Être écouté est son eldorado, son fantasme, pour lui qui écoute si bien les autres...
Se demande ce que pense les autres dans leur tête, mais n’osera jamais leur demander !
Quand il s’exprime, est traversé par des questions perturbantes : vais-je être pris au sérieux ? Je vais lui faire perdre son temps, je ne sais pas exprimer mes pensées, etc.
A dû mal à s’exprimer et a la certitude d’être handicapé de la parole ou en tout cas, de ne pas être assez confiant pour s'affirmer. Envie les gens qui s’expriment facilement. S’en veut beaucoup de cet handicap (qui n’en est pas un, c’est de la peur).
Tombe rarement en folie : bipolarité, alcoolisme, addictions, hôpital psychiatrique ne sont pas ses parcours favoris, il reste calme et précautionneux. Sa carapace fonctionne. Sa vraie souffrance est de ne pas être lui.
Il ne sera jamais asperger ou avec des syndromes autistiques, car sa puissance est (pour l’instant) niée et parce qu’il est intégré.
Pourra être salarié longtemps, contrairement au HS dur mais souffrira de ne pas être lui, de l’ambiance négative, de l’absence de sens.
Se mettra à son compte avec pas mal d’appréhensions, mais in fine, après sa crise (soft en général car il tient), finira petit à petit par y aller.
Je pense que sa puissance prend toute son ampleur dans des métiers “énergétiques” : ostéopathie, massages, yoga, somatopathes, énergéticiens… et pleins d’autres métiers évidemment, souvent nécessitant écoute, douceur et énergie intérieure. Et créativité.
Il est bienveillant et à l’écoute. Il représente une forte part de mes clients. C’est un rayon de lune pour les HS durs... dont il aime l'intensité et la flamboyance.
Ses enjeux pour avancer
Il a besoin de comprendre pourquoi il s’est effacé. Il se juge. Il a honte de son effacement. Or son effacement s’explique, il y a eu menace. Il doit en comprendre le pourquoi pour pouvoir se pardonner. L'explication réside dans la matrice.
Il a besoin de comprendre, comme tous les hypersensibles, pourquoi il a vécu toutes ces situations écrasantes, et mettre une autre interprétation que celle de son insuffisance. Donc comprendre ce qui s'est joué là.
Il a besoin de retirer son crédit à l'extérieur et ça, c'est une vraie révolution pour le HS doux car il ne peut s'empêcher d'accorder crédit au système. Ce retrait se fera donc très progressivement.
Il a besoin de prendre confiance dans sa puissance intérieure. Et dans le fait que la puissance se trouve dans la vulnérabilité. Que le reste n'est que poudre aux yeux.
Son frein principal : le statu quo. Il n’est pas en souffrance extrême comme le HS dur. Il peut donc retarder le moment de travailler sur lui. Il peut aussi ne pas reconnaître sa souffrance puisque l’intégration est quand même satisfaisante "officiellement". Donc "officiellement", ça va. Au fond, il sait que ce n’est pas vrai. Son burn out régulier le confirme. Mais ira t-il plus loin ? Peut-il ressentir qu'il y a beaucoup mieux à chercher ?
Il a peur du bouleversement, du vide et de l'incertitude. Or toute l'invitation est là... Il y va donc souvent mollo... donc lentement.
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