Se diagnostiquer hypersensible | Quel intérêt ?
Pourquoi se diagnostiquer ?
Mettre des mots, ou une étiquette, sur une souffrance, a un intérêt majeure au début de notre chemin : il nous permet d’acter que ce que nous vivons n’est pas la preuve de notre insuffisance individuelle, car c'est ainsi qu'on l'entend depuis l'adolescence, bien souvent, mais la preuve que nous ne sommes pas seul(e) et que donc nous ne pouvons être, tous, insuffisants individuellement.
Ce n'est pas juste "nous". Ou juste "moi". Si nous sommes plusieurs, c'est qu'il y a un phénomène. Et ma responsabilité est peut être un peu plus diluée... ou tout cas cette force de l'identité de groupe me permet d'oser penser l'impensable : si ce n'est pas complètement et uniquement moi, il y aurait alors quelque chose de possiblement défaillant dans le royaume extérieur ? Je n'ose y penser... Mais c'est déjà une 1ère pierre.
Diagnostic, proportion et défaillance civilisationnelle
Car à partir de quand décide t-on que la proportion “malade” ou “mal” d’une population pose question sur la société ?
Dans certaines tribus, c’est systématique. Aucun mal individuel n'échappe à la remise en cause collective et à sa résolution. Elle est systématique. Qu’en est-il chez nous ? A partir de quelle proportion d'humains "défaillants" décident-on qu'il n'y a plus défaillance individuelle mais défaillance probablement civilisationnelle ?
A partir de quand notre société peut-elle s'écarter de son obsession du symptôme à régler (antidépresseurs, désintox, médicaments, pathologies, voire même méditation) pour s'interroger sur ce que ces symptômes racontent d'elle-même ?
N'y a t-il pas un moment où nous allons nous étonner de la proportion de gens déprimés, hypersensibles, en phobie scolaire, angoissés, en burn-out, insomniaques, fatigués chroniquement, bipolaires, alcooliques, hyperphagiques, jeux vidéos addicts, pour en venir à l'idée que cette masse (grossissante) ne peut être simplement composée de cas individuels "faibles" ?
Le diagnostic pour poser une première pierre
Le diagnostic est donc une première pierre pour dire "je ne suis pas seul(e)" et pour envisager que autre chose que notre propre faiblesse, notre propre insuffisance, se joue.
Après, quand on le sait… tout reste à faire :-)
Il y a 4 ans, à travers mes premières expériences de mise en conscience de moi et des personnes que j'accompagnais, ou de mon entourage proche, j’ai commencé à détecter deux types de profil. Deux types de structures de croyances et deux types de réactions à "l'agression" sociétale, très différentes, mais avec un fond commun de frustration, de tristesse et de grandes blessures.
Ces deux profils ont pris moins d'importance pour moi à présent car c'est la voie qui me préoccupe surtout. Mais ils ont le mérite de permettre de s'identifier, et donc de quitter la mortifère obsession du handicap, de l'insuffisance, de la faiblesse personnelle pour entamer une première révolution, celle de "Si je ne suis pas seul(e), c'est que je ne suis pas si individuellement nul(le)".
Deux structures de souffrances
Le doux ou dur sont des stéréotypes. Des structures de souffrance, avec des croyances types et des réactions défensives variées.
On peut combiner les deux protections selon les situations ou être à fond sur un stéréotype. Par exemple, moi, je suis majoritairement “hypersensible dur”. Le papa de mes enfants est hypersensible doux à très forte majorité. Mais j'ai des clients ou des proches qui combinent plus, plus subtilement, selon les expériences, ou les moments de vie aussi.
Peu importe finalement. Dès lors qu'on se retrouve dans des expériences collectives difficiles, on se retrouve dans les croyances inconscientes qui les sous-tendent. Qui les provoquent. L'intérêt est là. Même si la simple lecture de ces croyances ne suffira pas pour s'en débarrasser... mais c'est déjà un début.
Tous les symptômes ...
Qui sont décrits dans ces deux profils nous parlent de nous en situation de frottement avec le monde. Parfois, certains frottements ne nous arrivent plus, quand on a commencé à travailler sur soi en particulier. Parfait, c’est que ça avance !
Tous les symptômes sont listés, quelle que soit la gradation. Selon le degré de frottement avec le monde (et le frottement n’est ni bien, ni mal, il est, et ça ne change rien à ce que on est et à ce que on en fera), tu te retrouveras dans certaines descriptions et moins dans d’autres, en particulier quand elles deviennent extrêmes. C’est ok. Ton frottement a été donc moindre. Ta carapace peut être plus ou moins épaisse, ou tu as pu juste être moins blessé ici que d'autres.
Ce qui est décrit n’est pas toi
Tous ces symptômes ne sont que des symptômes. Ils ne parlent ni de ta nature (sauf exception : quand ils ne sont pas négatifs, ils parlent de nos besoins humains, comme le besoin de sens), ni de tes qualités ou de tes envies. Ils sont même appelés à disparaître puisqu’ils sont le résultat de ton frottement avec le monde. Si le frottement s'arrête, les symptômes d'arrêtent aussi. C'est mathématique et c'est ce que nous expérimentons tous.
La souffrance générée par le frottement n'est pas perdue. Elle renforce nos talents, nos aptitudes et surtout nos envies. Elle génère une puissance. Il n”y a aucun problème à avoir souffert ou à être blessé. On peut tout libérer mais la structure de souffrance génère une puissance, un don, une capacité à impacter positivement les autres. La seule question est : que faisons-nous de cette souffrance ? Décide t-on d’y mettre de la conscience et de la libérer, puis l’utiliser pour le bien commun ? Ou de s’enfermer dedans comme si elle faisait partie de notre identité ?
Nous sommes, hélas ou tant mieux, bien autre chose que cette part souffrante…
Degré de frottement maximum
L'hypersensible dur a moins de carapace que l’hypersensible doux (contrairement à ce que pourrait laisser croire le mot “dur”). Il est souvent plus en souffrance car il frotte plus avec notre société. L’hypersensible doux met plus de contrôle, mais il s’efface plus. Les textes qui te seront envoyés parlent indifféremment de tous les niveaux de frottement. Parfois ça parlera incroyablement de toi… et d’autres non. Quand ça te parle, c’est que tu es au bon endroit… Relis alors.
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